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Poème caché

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Je me noie dans l’horizon de ton corps, dunes de sables émouvants. Ton sourire cristallin résonne sous les étoiles pliantes, et font chavirer les peaux vendues des ours scolaires venant se jeter à nos pieds. Si seulement cela pouvait être l’hiver, ou l’été. Nos corps sont trop solides pour l’infini, qui s’enfuit déjà à tire d’ailes entre nos doigts emmêlés.

Impitoyablement, nous sommes orphelins de l’instant où nous nous sommes embrasés.

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Inspirations

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[bodo_text_block title= »INSPIRATION »]D’aussi loin qu’elle se souvienne, Alice de Miramon a toujours été entourée de vieux livres, de papiers peuplés d’inscriptions, effacées ou illisibles, dont elle se plaisait à imaginer l’auteur.

C’était et c’est toujours, peuplant la maison, de vieux papiers d’origines diverses, empreintes d’autrefois qui s’amoncèlent et se patinent peu à peu… Comme autant de traces d’une histoire qui, tantôt se redessine, tantôt s’efface.

Enfant, la future peintre contemplait longuement les vitraux. Son goût pour les couleurs chatoyantes et naïves des enluminures, pour l’éclat de l’émail, ne l’a jamais abandonnée.

Les extraits de poèmes ont très tôt fait leur apparition sur les tableaux de l’artiste pour disparaître, recouverts d’un voile de timidité, une fois l’œuvre terminée. L’héritage d’un amour pour la poésie de Cocteau à Prévert… De Verlaine à Baudelaire. Qu’il s’agisse de la peinture naïve orientale, du Douanier Rousseau ou encore, dedorures anciennes des tableaux d’autrefois, des influences multiples se sont confrontées et font écho pour créer un langage visuel foisonnant, comme un jardin faussement sauvage.

Texte Oli Clément[/bodo_text_block][bodo_image image= »972″]

[bodo_image image= »966″][bodo_text_block title= »livre d’or »]On ne sait pas très bien ce qu’est cet animal planqué dans le feuillage, si ce sont ses cornes ou ses oreilles qui se courbent vers l’homme sur la grève, tandis que ses yeux, à cet animal, se ferment en un tranquille abandon. Il n’est pas utile de connaître son nom d’espèce. Ce qui importe est le lien entre lui et l’homme, tout entier traduit par le regard. Ou son envers, sous les paupières closes de l’animal, par impossibilité du danger dans ce paysage d’avant – d’après ? – la chute.

La preuve, c’est qu’il n’y a pas d’angles. Aucune aspérité dans les galets ni la crête des vagues, qui, comme les écailles des poissons, les tapis de fleurs, les joues et les seins, sont ronds.
De la rondeur des pigments sur la palette – orange et bleu rehaussés d’ocre, pailletés de carmin, de corail, de rubis, laissant affleurer par transparence les pages imprimées, supports de ce paysage d’avant – d’après ? – l’écriture.

On voudrait, à la manière des poissons d’Alice qui nagent au-dessus de l’onde, traverser à loisir les frontières du tableau. Émigrer vers l’intérieur du cadre pour prendre la température de l’eau, caresser l’herbe et les fourrures, les fronts lisses et les peaux douces, puis, par capillarité, se fondre dans la végétation.

Julia Deck
Ecrivain – Éditions de Minuit[/bodo_text_block]

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